AUDIO ANALOGUE PUCCINI

par | 15 avril 2024

L’intégré Puccini a été la première électronique commercialisée par le constructeur italien Audio Analogue. Proposé pour la première fois à la vente en 1995 et décliné depuis en quatre versions, le modèle qui fête donc ses 20 ans nous revient dans une version plus audiophile et plus musicale que jamais.

Esthétiquement proche du Puccini Settenta 2.0, la dernière évolution du modèle, Le Puccini Anniversary, paraît plus épuré et plus abouti. Dans la présentation notamment, avec un châssis aux notes esthétiques typiquement italiennes. L’unique molette centrale délicatement insérée au centre de la face avant en aluminium brossé de 14 mm est une superbe pièce usinée de grand diamètre. C’est l’unique commande frontale de l’appareil, elle permet de tout contrôler par simple pression et rotation, à savoir la mise en service ou en veille, la sélection d’une des cinq sources commutées par relais et le réglage du volume.
L’évolution des réglages est matérialisée par deux séries de diodes LED réparties de part et d’autre de la molette, six à gauche pour la mise en service et les sources, seize à droite pour le volume. C’est zen et dépouillé, plus scandinave qu’italien, mais visuellement très réussi. Une télécommande aux touches rétro éclairées de bleu et de rouge permet de piloter l’appareil à distance dans son utilisation courante et pour accéder à certaines fonctions complémentaires comme la balance ou la luminosité des LED. La face arrière révèle l’architecture double mono interne avec une disposition en miroir des connecteurs. Rien que de l’analogique haut niveau, pas d’entrée phono ni de DAC intégré. C’est un choix respectable fidèle à la philosophie de départ du Puccini.

Comme mentionné précédemment, cet intégré fonctionne purement dans le domaine de l’analogique et ne comporte aucun circuit numérique, mais selon les dires du fabricant, son contrôle de volume est piloté numériquement sans avoir recours à des amplificateurs opérationnels. Le Puccini Anniversary est spécifiée à une puissance de 80 watts par canal sous 8 ohms, 160 watts sous 4 ohms et pas moins de 300 watts sous une impédance aussi basse que 2 ohms. Ce qui lui donne une marge confortable afin de pouvoir alimenter un très grand nombre d’enceintes sur le marché.

Le Puccini Anniversary utilise un étage d’entrée différentiel suivi d’un étage «folded cascode», l’étage de puissance est constitué de trois paires complémentaires de transistors bipolaires par voie en configuration triple push-pull. Les points de fonctionnement sont stabilisés par un asservissement en tension continue qui travaille entre le continu pur et 0,02 Hz : c’est en réalité la seule boucle de contre-réaction négative qui cesse d’agir au-delà de 20 Hz. L’ouverture de l’appareil rend immédiatement compte du soin extrême apporté à sa réalisation avec une répartition de tous les circuits – audio, filtrage et gestion des commandes – sur cinq circuits imprimés. L’énorme transformateur torique de 700 VA a été fabriqué spécialement pour Audio Analogue. Le réglage de volume activé par un encodeur communique avec quatre potentiomètres numériques Analog Devices (deux par canal). La variation de l’atténuation en fonction de la position de la molette est modulable selon quatre courbes mémorisées et accessibles par quelques manipulations à partir de la télécommande. Les composants passifs ont fait l’objet d’un choix très qualitatif avec de très nombreux condensateurs Wima et Audyn-Cap au polypropylène, un réservoir capacitif de filtrage électrochimique de plus de 60000 μF assisté d’une régulation de toutes les tensions, et des connecteurs d’entrées et HP en cuivre pur plaqué or. Enfin, le câblage interne très limité est en cuivre pur de type 7N OCC.

Á l’écoute : Test d’écoute réalisé par On mag

Grave : Le grave est généreux et puissant sans verser dans l’emphatique. Le constructeur a choisi une solution technique qui ne privilégie pas le facteur d’amortissement, malgré cela le registre se tient vraiment très bien. Les violoncelles accompagnant Simone Dinnerstein sur le largo du Concerto n° 1 de Bach
révèlent une structure boisée solide et de volume crédible.
Médium : Le registre est superbement restitué par l’intégré italien, à l’évidence l’absence de contre-réaction négative épanouit le rendu tonal et l’ampleur du message. Les timbres sont chatoyants et débridés, la texture épaisse donne même le sentiment subjectif d’une électronique qui travaillerait en classe A. Un poil mat dans le haut médium, mais terriblement crédible.
Aigu : L’aigu du Puccini Anniversary a incontestablement plus de corps et de matière que beaucoup de ses concurrents, même plus coûteux. On apprécie l’épaisseur presque palpable du métal des cuivres de batterie sur «Animal» par Francis Cabrel.

Dynamique : L’intégré ne ménage ni sa puissance ni sa délicatesse quand le message l’exige. La partition pianissimo du clavecin en introduction de «Ha Vinto Amor» par Simone Kermes ne manque d’aucune inflexion tonale. Et la batterie sévèrement percutée sur «Dis-le» par Baz- Baz explosent à la face de l’auditeur.
Attaque de note : Nous évoquions auparavant les similitudes entre le rendu sonore de cet intégré
et celui d’un classe A. Si cette comparaison sied en termes de palette tonale et d’expressivité, le Puccini Anniversary s’avère néanmoins plus nerveux et plus rapide sur les démarrages de notes.
Scène sonore : Tout semble en place et en bonne place au sein de la scène sonore proposée par l’appareil. L’ambiance du public qui ouvre la piste live «Gotcha» par Patricia Barber s’épanouit dans tous les plans, avec tous les détails qui produisent cette impression de salle de concert.
Transparence : Le Puccini Anniversary développe un message très en osmose, très en corrélation avec les intentions des interprètes. On s’éloigne résolument de l’écoute calibrée et propre sur elle pour pénétrer plus intensément dans l’émotion et dans le ressenti. On adhère.
D’un Rapport qualité sur prix : D’un point de vue performances pures, l’Audio Analogue se positionne haut dans la hiérarchie des intégrés de même niveau de prix. Les spécifications techniques sont excellentes, la restitution l’est tout autant. 

Conclusion :

L’Italie a produit quelques-uns des plus grands ténors pour l’opéra et on peut dire la même chose avec quelques-uns de ses producteurs d’électroniques et d’enceintes pour la haute fidélité. Le Puccini Anniversary est bien né et parfaitement formé pour la reproduction musicale. Il arbore une esthétique sobre et intemporelle alors que son interface usager est relativement simple d’emploi. Même si certains de ses concurrents sont équipés pour le traitement des sources numériques, il n’en reste pas moins qu’en bout de ligne c’est la compétence dans le domaine de l’analogique qui détermine le résultat final. De plus, comme nous savons que du côté du numérique les changements sont fréquents et imprévisibles, une telle omission protège en quelque sorte l’amplificateur d’une désuétude trop rapide.

FICHE TECHNIQUE :
Origine : Italie
Prix : 5500 euros
(finition noire ou silver)
Dimensions : mm
Poids : n.c.
Réponse en fréquence :
20 Hz à 100 kHz à + 0 dB / -3 dB
Puissance nominale :
2 x 80 W (8 ohms)
160 W (4 ohms)
300 W (2 ohms)
Distorsion : < 0,3 % (10 W)
Sensibilité : 0,49 V (47 K)
Rapport signal
sur bruit : > 100 dB
Entrées :
4 RCA ligne, 1 XLR ligne
Sorties : 2 paires HP

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